Evangelion

Midjourney est un outil de génération d'images qui s'appuie sur de l'apprentissage profond (deep learning). Le système attend une instruction textuelle, nommée "prompt" pour générer une planche de 4 images. Il permet ensuite de demander un nouveau calcul de l'ensemble, des variantes d'une des images, ou un recalcul en plus haute définition d'une image choisie. L'outil s'appuie sur un ensemble très large de textes et d'images, et réutilise donc le patrimoine informationnel dont il dispose.

En revanche, comme tous les moteurs appuyés sur de l'apprentissage profond, il n'a pas de conscience de ce qu'il produit, et ne peut détailler le processus, c'est un jeu d'assemblage guidé statistiquement. On peut rapprocher l'outil de l'écriture automatique ou des collages surréalistes d'André Breton ou Max Ernst, mais pratiqué par un système à la fois immensément vaste et complètement idiot. 

L'expérience proposée ici rapproche, confronte et mélange deux objets culturels : la série japonaise Neon Genesis Evangelion, et le dessinateur français Gustave Doré. Le système propose des croisements et compositions, sur lesquels un humain doit faire un travail de curation. Les résultats présentent de nombreux accidents, des détails étranges, des espaces inachevés, souvent des compositions puissantes, parfois des éléments très gracieux. 

Au-delà de la production plastique elle-même, cela questionne le rapport à l'outil technique et la nature de la création. Une vision se dessine, celle d'un magma sémiotique qui évolue par mutations, sélections, déformations : une sorte de darwinisme graphique qui recycle sans fin, sans but, sans conscience. Mais pas sans impact écologique et attentionnel !